Autour de chez nous

La Cure est une belle rivière sauvage qui prend sa source au cœur du Morvan, là où les forêts sont denses et les roches couvertes de fougères, de mousse, de lumières étincelantes. Elle descend vers le nord en suivant le relief des vallons, bondissante, puis elle s'apaise aux abords de Vézelay, contourne la butte et fait son chemin encore plus loin. Il y a plus de 200 000 ans qu'elle sinue ainsi, et c'est de cette époque que datent les grottes d'Arcy. L'Homme y avait déjà trouvé refuge, sur les bords de la paroi. Mais à force de couler, l'eau a creusé dans la roche des cavités plus profondes encore, qui aujourd'hui, toujours, font l'intense bonheur des spéléologues. Lors de la visite commentée, organisée sur le site même, par les propriétaires du terrain où elles ont été découvertes, on peut voir quelques-unes de ces salles fascinantes où poussent stalactites et stalagmites, draperies et colonnes, et autres formes de concrétions. Dans certaines, il y eut, au XVIIIème siècle, des dîners festifs organisés et la flamme des bougies aurait noirci la roche, ainsi que des visites à la torche, aux siècles postérieurs. C'est en essayant de nettoyer cela que l'on a réalisé que sur certaines parois, il y avait des traces, des peintures rupestres – et non seulement dans cette salle, mais dans plusieurs d'entre elles ! Des représentations de bison, de loup, de renne, de cheval, d'ours et de lion, de hyène, de lagopède, faites à l'ocre et au charbon de bois. Ainsi que quelques paires de « mains négatives », d'adultes et d'enfants, dessinées en suivant leurs contours. C'est le préhistorien André Leroi-Gourhan lui-même qui s'est occupé des fouilles aux grottes d'Arcy, entre 1947 et 1963, et elles ont continué depuis lors, grâce à la coopération fertile entre les propriétaires actuels, la famille de La Varende, et les spécialistes – historiens, archéologues et autres passionnés chevronnés. Ces peintures sont datées d'il y a 28 000 ans et sont les plus anciennes connues après celles de la Grotte Chauvet (31 000 ans). Elles sont donc plus anciennes que celles de Lascaux (18 000 ans), mais moins nombreuses pour l'instant : on en répertorie 160 à Arcy, 400 à Chauvet, et 1900 à Lascaux. Ce qui n'enlève en rien de leur rareté et de l'émotion qui gagne en leur présence, à quelques dizaines de mètres au cœur de la terre… Un vertige bouleversant.

Ressentir, par soi-même, la spiritualité qui se dégage des lieux. Imaginer, avec ses propres références, le sens des innombrables détails décoratifs. Rester, le temps que l'on veut, pour se ravir les pupilles, devant ce qui éblouit… La Basilique Sainte-Marie-Madeleine-de-Vézelay peut se découvrir seul ; peut-être même est-ce préférable la toute première fois que l'on y vient ? Ainsi perçoit-on, pleinement, parce que l'on est vierge de tout a priori ou attentes, son ineffable atmosphère… Une fois que l'on s'est délecté d'elle, vient le moment où l'on peut vouloir délaisser ses sens pour la connaissance ! Histoire, architecture, ornementation… sont si riches, que suivre une visite guidée n'est pas dénué d'intérêt. Et l'offre en ce sens est dense... Une autre possibilité existe : se rendre dans la cave voûtée de la Maison du visiteur située au cœur du village. Le principe de ses animateurs : rendre la basilique transparente aux yeux des touristes, et ce, de manière vivante. Un défi relevé grâce aux projections d'images, à une maquette lumineuse, à un très visuel plan de la basilique, à des moulages de chapiteaux mis à hauteur d'yeux, à un film pour le moins esthétique… Cette découverte, il faut se le rappeler, c'est un privilège de pouvoir la mener : si aujourd'hui, ce monument est classé par l'Unesco, il a bien failli disparaître… L'histoire chaotique du monument débuta vraiment au XIe siècle avec le dépôt des reliques de Marie-Madeleine dans le monastère bâti sur la colline. Les pèlerins affluèrent, mais jusqu'en 1279 seulement, quand on localisa officiellement les vraies reliques de la sainte… en Provence ! Après la Guerre de Cent ans, les guerres de religion, la mise à sac par les Huguenots, la Révolution… l'église ne pouvait que disparaître, ou renaître. Mérimée et Viollet-le-Duc, tout jeunes encore, choisirent : en 1859, elle arborait son style roman bourguignon d'origine, et en 1870, abritait de nouvelles reliques de la sainte. Ça n'est pas le seul, loin s'en faut, trésor de cette basilique. Les passionnés de pierre sculptée ne peuvent qu'être comblés : dès le narthex, une sorte de pré-nef, décors et personnages se déploient sur le Grand tympan, d'une surface de 9 mètres de large et 5 de haut ! Ensuite, ce sont des dizaines et dizaines de chapiteaux historiés qui charment l'œil : ils forment à eux tous, une fabuleuse bande-dessinée minérale en 3D, qui raconte la Bible. Peut-être, au rythme des prières chantées à quatre voix par moines et moniales lors des offices, les verrez-vous s'animer ? Pour vous reposer de toutes ces découvertes et émotions, passez derrière la basilique : au-delà des arcs-boutants tout en élancement, vous pourrez admirer, du haut du rempart, les collines alentours, puis vous prélasser sur l'herbe. Ensuite, visite du village ! Avec les deux balades téléchargeables sur smartphone, vous saurez tout du passé de la petite cité et de ses aspects méconnus. Dans les ruelles, observez… là des traces d'ouvertures, aujourd'hui murées ou dénaturées, mais encore décorées d'accolades ou d'arche ; ici, des modillons et masques altérés par le temps, mais encore expressifs… Dans l'une des belles maisons du village, celle ayant appartenu à l'écrivain Romain Rolland, se trouve aujourd'hui le Musée Zervos. Vous n'en reviendrez pas de voir, là, des œuvres de Picasso, Léger, Miro, Kandinsky, Giacometti, Calder côtoyer des pièces archéologiques ! L'autre musée à visiter, c'est le musée de l'œuvre Viollet-Le-Duc : là, dans un ancien dortoir de moines, sont exposées les sculptures médiévales que l'architecte déposa lors de sa restauration de la basilique… ici, s'est immiscé un peu de sa pénétrante atmosphère ! Peut-être la ressentirez-vous encore en savourant les vins de Vézelay et de la région ? Au pied de la colline, le Domaine Camu propose des dégustations. Ou alors, ce seront les senteurs des bougies du Cirier de Vézelay, aux formes de fruits très réalistes, qui vous maintiendront sous le charme ? Ou peut-être encore, l'ambiance de la librairie « L'âme enchantée » qui promeut belles lettres, calligraphie et enluminure dans un ancien estaminet, vous gardera dans cette sérénité des plus appréciables ?

Noyers-sur-Serein, vous ne connaissez pas ? Mais si, au moins vous y êtes-vous baladé sur un écran de cinéma ou de télévision. Souvenez-vous, l'auberge de « La Grande Vadrouille », le téléfilm « Le chevalier de Pardaillan », les ruelles du film « Molière », et même quelques vues du « Stardust » hollywoodien... Car cette petite cité médiévale a gardé une authenticité remarquable et un cachet « hors du temps » qui ont séduit le 7ème Art et tous les autres visiteurs désireux de remonter le temps. Classé parmi les « plus beaux villages de France », avec de nombreux bâtiments répertoriés par les Monuments Historiques dont les constructions s'échelonnent du XVème au XIXème siècle, Noyers est un lieu idéal pour les amateurs de trésors cachés. Hôtels aristocratiques en pierres, maisons en pans de bois ou simples bâtisses de vignerons, chapelles, couvents, portes, tours de défense, places à arcades, vous raconteront les histoires des seigneurs de Noyers ou bien encore celles des artisans et des vignerons. Après cette grande chasse aux trésors historiques, on aime bien aussi les longues pauses indolentes sur les terrasses des petits bistrots ou les plaisirs des feux de cheminée des restaurants bourguignons. De quoi reprendre son élan pour visiter et se dépayser dans l'étonnant musée de Arts Naïfs et Populaires, ou simplement faire un tour dans les ateliers-boutiques. On avoue apprécier aussi le repérage à un coin de rue, d'une boulangerie, d'une boucherie, d'une petite supérette, attestant de la vitalité du village. Mais faire un séjour à Noyers, c'est aussi prendre le temps de se balader dans la douce vallée du Serein et découvrir un chapelet de petits villages, ou de découvrir des panoramas depuis le site du Vieux Château, dont les murs démantelés ont servi à construire le village. Prendre le temps et reprendre son souffle aussi, en se posant un instant dans la quiétude du cloître du prieuré cistercien de Vausse. Si vous avez la bonne idée de visiter pendant l'été, vous pourrez profiter des concerts classiques d'un festival, ou participer à un joyeux tour du monde musical avec les rencontres « world music ». Noyers, c'est aussi un bon positionnement central pour découvrir la Bourgogne, ses châteaux Renaissance, (de Tanlay ou d'Ancy-le-Franc), ses abbayes cisterciennes (abbaye de Quincy, abbaye de Fontenay), ses sites exceptionnels, comme les grottes ornées d'Arcy-sur-Cure, ses vignobles et ses bonnes caves, ou encore le canal de Bourgogne…

Auxerre : ne pas prononcer le « x », mais le remplacer par un « s ». Dans le cadre d'une croisière sur l'Yonne, ou d'un weekend gastronomique, cette commune de 35 000 habitants - la quatrième de Bourgogne - mérite amplement d'être explorée. Sa position en surplomb, au faîte d'une butte verdoyante, offre un panorama incroyable sur la vallée de l'Yonne, l'un des influents majeurs de la Seine. De là, on se plonge au cœur de la ville, divisée en deux, à l'instar de la capitale française. Cap sur la rive gauche, où s'étire le centre piéton. Voilà le point de départ d'une série de onze quartiers disposés en colimaçon, sur le modèle des arrondissements parisiens. Clin d'œil aux escargots, emblème et spécialité de la région ? Auxerre a beau regorger de grandes tables, sa réputation repose plutôt sur de bons vins. Entre les caves locales (Bailly Lapierre, Borgnat, Maltoff...), et les domaines voisins, ce ne sont pas les vignobles alentour qui manquent. Dire que l'exportation de grands crus remonte à l'Antiquité ! et si l'on doit en effet aux Romains d'avoir exploité la rivière à des fins commerciales, l'incendie provoqué par les Alamans au IIIème siècle justifie la création de fortifications. Auxerre, ville de pierre, donc. Oui, mais pas seulement. Certaines maisons à colombages ont survécu au plan d'urbanisation lancé au XVIème siècle. De même, les pavés ont su résister au béton. On en foule encore dans quelques ruelles centrales. C'est exactement l'authenticité que l'on recherche, sur la route des différents sites à visiter. D'un monument à l'autre, se comblent les lacunes historiques. Au IXème siècle, Auxerre, devient le siège d'une école monastique dont le rayonnement gagne progressivement toute l'Europe. L'abbaye Saint-Germain , la cathédrale Saint-Etienne , l'église Saint-Eusèbe, l'église Saint-Pierre... Autant de noms qui défilent au détriment d'autres lieux. Pour compenser, on court contempler faïences et tapisseries au Musée Leblanc-Duvernoy . Et après ? Auxerre nous réserve bien d'autres surprises...